La mode africaine: identité et marché local -  Goethe-Institut, Abidjan/Côte d'Ivoire + Lomé/Togo, 2008

Exposition de tenues féminines contemporaines et urbaines originaires des pays ouest-africains: Importance sociopolitique de l’habillement

Entre 1970 et 2005, de précieuses pièces ont été confectionnées dans des ateliers de couture privés de diverses métropoles africaines. Ces confections sont des témoins de la mode vestimentaire de son époque.

 

La mode et le choix individuel du style d’habillement revêtent une importance considérable car il ne s’agit pas simplement d’une formule esthétique et d’un goût personnel. Loin de cela, l’apparence fait toujours partie de la vie publique ; elle provoque des réactions et suscite des commentaires ; la société juge les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, les nationaux et les étrangers. Il y est question de moralité, respect, sexualité, modernité, des intérêts nationaux, de l’authenticité etc. Sur les corps habillés s’inscrivent les multiples intérêts divergents qui se négocient au cours des débats les plus acharnés où s’entremêlent les relations de pouvoir. Les femmes, plus souvent que les hommes, ou presque elles seules, sont victimes de critiques sévères qui mettent en doute leur moralité, qui nient leur droit de contrôle sur leur corps et leur sexualité, etc.

 

Aujourd’hui le choix du style est devenu un symbole matériel d’autant plus important qu’il constitue un moyen efficace de construire son identité et de réagir aux processus de la globalisation. Or, cette liberté n’est pas toujours évidente, elle est plutôt ambiguë : Comment se mettre à l’écart du mainstream, de la mode de plus en plus homogénéisé sans courir le risque d’apparaître exotique, ethnique, moins moderne, et, par conséquence, d’être marginalisé ? Comment insister sur la consommation des produits locaux si le marché regorge de produits importés à des prix imbattables ? Voilà donc les questions fortes qui nous préoccupent ici. Les forces de la globalisation perturbent les systèmes de production en Afrique, elles sont perçues comme un défi, voire un obstacle pour les designers africains à la conquête d’un style à la fois authentique et moderne, elles instaurent et renouvellent des hiérarchies entre acteurs de la globalisation et ceux

qui restent en marge parce qu’ils n’ont pas les moyens appropriés d’y accéder.

Pathé’O, ivoirischer Modemacher, Abidjan/CI:

„Man kann sagen, dass wir es hier in der Côte d’Ivoire geschafft haben, die Leute dazu zu bringen, die Kleidung zu tragen, die auch in diesem Land hergestellt wird. Noch vor 10 Jahren trugen die Frauen importierte Konfektionsware, alle kauften ihre Kleider in den Boutiquen in Abidjan, die auf Konfektionsmode spezialisiert waren. Doch damit ist nun Schluss. Denn die Stilisten und Modemacher waren sehr bemüht und haben es dann auch geschafft, die Frauen zufrieden zu stellen, viele verschiedene Stile zu entwerfen, mit denen die Frauen dann auch glücklich waren, ihnen das anzubieten, was sie brauchten. Und jetzt wollen sie auch tatsächlich nicht mehr nach Europa fliegen, um sich dort einzukleiden. Dazu hat allerdings auch die Abwertung beigetragen, und nun werden Sie keine Afrikanerin mehr in Abidjan sehen, die zu einer Abendveranstaltung mit Hut, Handschuhen und schleifendem Kleid erscheint. Sie würde sich lächerlich machen. Obwohl das vor 10 bis 15 Jahren noch ganz üblich war.“*

*Zitat aus Anne Grosfilley, L’Afrique des textiles, Aix-en-Provence 2004

Exposition “Mode africaine : identité et marché global” au Goethe-Institut

Marcellin Boguy, 02. 10. 2008. abidjan.net :

 

Depuis le 19 septembre 2008, se tient au Goethe-Institut Abidjan (Cocody-Mermoz), une exposition vestimentaire autour du thème : “La mode africaine, identités et marché global”. Son initiatrice, la sociologue allemande Ilsemargret Luttmann, au-delà des habits aussi originaux, authentiques que simples qu’elle a collectionnés au cours de ces 30 dernières années sur le continent africain, entend partager et ce, jusqu’au 9 octobre, sa perception de la quête identitaire véhiculée par la mode ou les modes africaines dans un contexte mondialisé.
Pour l’Allemande, plus qu’un habit porté sur le corps ou un style mis en vogue par artefact, le vêtement en Afrique est le témoignage d’un art de vivre, d’un langage sociétal. IIsemargret Luttmann en veut pour preuve les matériaux, les parures et accessoires qui dénotent de l’aire culturelle ou de la circonstance de revêtement.
Par ailleurs, la sociologue explique l’émergence d’une néo-mode africaine par l’appropriation définitive en y ajoutant l’esprit local, de certains vêtements ou matériaux occidentaux. Il en est ainsi, comme elle le souligne si bien, du pagne d’origine hollandaise, mais d’emprunt d’Asie du Sud-Est. Ilsemargret Luttmann avance que c’est la décennie 80 qui marque le point de départ d’une externalisation du vêtement africain avec pour dénominateur commun, l’uniformité stylistique avec des créateurs plus affinés.
Cependant, elle soutient que le prisme de “l’exotique” ou de “l’ethnique” tend à ghettoïser la création vestimentaire africaine au détriment des valeurs esthétiques, pratiques et universelles. Selon elle, ces faits ne devraient pas étouffer, sous le sceau de la globalisation et de la mondialisation, “l’excentricité” qui définit l’apport identitaire local,

acquises entre 1972 et 2007 régional, national, continental à la civilisation universelle, voire à la mode mondiale.